Le Maire Paul Eric Kingué accuse les sociétés francaises d'être derrière sa condamnation
Lettre Ouverte de Paul Eric Kingué au monde libre
Mesdames et Messieurs,
Je saisis l’opportunité qui m’est divinement offerte, pour vous souhaiter mes vœux les meilleurs, en ce début d’année 2010. Je prie à cet effet le seigneur Tout- Puissant, de vous couvrir de ses grâces afin que vous et vos familles récoltiez les justes fruits de vos efforts durant ces 365 jours qui viennent de s’ouvrir. Vous accompagnent également, mes vœux de santé et de réussite.
Je suis Paul Eric KINGUE, Maire de Njombé-Penja, légitimement élu, mais incarcéré pour des raisons politiques depuis Février 2008, aux motifs que je suis l’instigateur des émeutes de la faim à Njombé-Penja, dans le Moungo au Cameroun.
A la suite d’un procès qui ressemblait à une véritable scène de théâtre mal conçue, j’ai été condamné à Nkongsamba, à 06 ans de prison ferme. Torturé, humilié, menacé dans cette prison par un groupe de responsables judiciaires et pénitentiaires caporalisés, c’est-à-dire à la solde de certains opérateurs économiques et hommes politiques, tirant les ficelles dans l’ombre, je n’avais pour seul soutien que Dieu, et vous tous qui m’avez soutenu partout dans le monde.
Jugé
dans un procès pour des infractions que je connais ni d’Adam ni d’Eve,
je suis écroué depuis bientôt deux ans, incapable d’encadrer mes jeunes
enfants, parce que sans moyens et, coupé de ma famille.
UN PAN DE MA VERITE
Tout commence alors que j’avais 09 ans. Secoué par une
révolte intérieure du fait de la misère profonde des parents, frères et
sœurs de Njombé-Penja, (toutes tribus et religions confondues), je
ruminais sans cesse, le rêve d’être en position un jour, d’apporter ma
contribution dans l’amélioration des conditions de vie de cette grande
famille devenue plus tard, mes électeurs.
Il faut dire que ma
révolte s’accentuait au fil du temps avec la paupérisation grandissante
de ces populations que j’ai tant aimées pour leurs efforts quotidiens.
Une population en somme travailleuse qui, toutes les 04 heures du
matin, est éveillée et en route pour les champs qu’elle ne quitte qu’à
22 heures, quelques fois avec des lampes tempêtes. Ce sont sans doute,
ces efforts qui font de Njombé-Penja, un des multiples greniers
agricoles du Cameroun.
EXPROPRIATION DES TERRES, SOURCE DE LA MISERE DES POPULATIONS DE NJOMBE-PENJA
Dès les années 1960, plusieurs exploitants agricoles venus
de l’Europe et plus précisément de la France ont, par la puissance
financière et par des jeux de passe-passe indescriptibles, fait main
basse sur de larges étendues de terre, soit pour y cultiver de la
banane, soit du poivre (prisé dans le monde), soit alors des fleurs ou
des ananas … Conséquence, il ne restait plus qu’aux riverains, quelques
bandes de terres parsemées de cailloux et sans grande fertilité. Ce qui
n’a pas manqué d’effets sur la production traditionnelle et donc, sur
l’autosatisfaction alimentaire des populations de Njombé-Penja.
Vers
les années 1988, s’installent à Njombé-Penja, après la mort
artificielle de l’OCB (Organisation Camerounaise de la Banane) vendue
alors qu’elle dégageait des marges bénéficiaires non négligeables
(environ 2 milliards de nos francs par an), le tandem SBM-PHP-SPNP, à
capitaux français en majorité, avec quelques actionnaires camerounais
dont je tais pour l’instant, les noms.
Choqué par cette
privatisation qui ne visait qu’à satisfaire des intérêts d’un certain
nombre d’individus, parfois insoupçonnés, et face à la misère
quotidienne dans laquelle plongeaient chaque jour les populations
locales, je n’ai pu supporter un tel drame :
LE GROUPE SBM – SPNP – PHP : DES ESCLAVAGISTES SANS CŒUR
En ce moment, s’il vous arrive de descendre à Njombé-Penja,
la première des choses qui vous touchera c’est l’impraticabilité des
routes et pistes rurales, jonchées de nids de poules après tous les 10
mètres. Le pire c’est la poussière enveloppante dont se nourrissent
tous les jours, les populations de Njombé-Penja. Vous n’y compterez pas
une trentaine de maisons passablement édifiées, faute de moyens
financiers d’une population meurtrie, exploitée au quotidien par les
colons de nos plantations.
La localité compte 40 000 taudis
construits en planches mal rabotées. Parfois sans portes, ni fenêtres.
Les salaires avant mon arrestation, tournaient autour de 37 euros (ce
qui me bouleversait profondément) , qu’on gagne parfois, après avoir
fait des heures supplémentaires c’est-à-dire, environ 12 à 15 heures de
travail par jour. Au finish, impossible pour un ouvrier, père de deux
enfants, de payer son loyer et surtout, de nourrir sa famille pour ne
citer que ces devoirs.
Les conditions de travail sont telles
qu’il ne faut pas y penser. Très souvent sans matériel de travail,
bottes, casques et autres, les ouvriers de ces plantations épandent des
produits toxiques dangereux sans protection, curent des caniveaux bras
et pieds nus, parfois sous les menaces des « chefs d’équipes » toujours
à la solde des « chefs blancs ». Le plus curieux ici, est qu’au terme
des journées de travail exténuant, ceux-ci n’ont aucun point d’eau dans
la ville pour leur bain. La commune dont j’avais la charge ne pouvait
s’y investir, faute de moyens financiers. Face à ce désastre qui impose
que les organisations qui financent ces entreprises s’interrogent, le
Maire élu que j’étais, bien que du RDPC, ne pouvait rester insensible.
Qui mieux qu’un Maire dans une localité, peut mesurer le niveau de
souffrance d’une population ? Quel humain peut rester indifférent aux
salaires de catéchistes que ces exploitants d’un autre genre reversent
aux ouvriers de leurs plantations ?
MAIRE DU RDPC, MAIS PERE ET CHEF DE FAMILLE
Il peut paraître curieux que mes fonctions politiques
(Président Sous-Section RDPC et Maire) donnent du tournis à tous ceux
qui pensent que, militer dans le RDPC est un délit, que non ! Non parce
que je pense n’avoir jamais reçu de ce parti que j’ai servi avec
passion, une doctrine de destruction, de déstabilisation de l’autre.
Non aussi parce qu’en réalité il existe dans ce parti, des responsables
plus proches de Dieu que du diable. Seulement, les rapports des forces
en son sein finissent toujours par donner raison aux serviteurs du
diable, c' est-à-dire à ceux là qui, dans la course effrénée aux
pouvoirs mondains, ont volontairement vendu leurs âmes, devenant par
ricochet, des serviteurs irréversibles du mal.
Quant à moi,
rien, mais alors rien ne passe avant la personne humaine. Fils de
veilleur de nuit, je peux apprécier la misère, pour l’avoir vécue.
Parce que l’ayant vécue, je ne peux jamais être complice des malheurs
d’un peuple, des malheurs d’une population travailleuse qui ne demande
qu’à vivre. Aucune fonction politique, aucune fonction administrative
n’est assez forte pour me couper du paysan, du peuple et c’est sans
doute pourquoi, je croupis injustement aujourd’hui, au fond d’une
cellule, à la prison de Douala.
AVANT LES EMEUTES DE FEVRIER 2008
Dès ma prise de fonction à la tête de la commune de Penja,
je fais un constat amer. Le bâtiment abritant la commune était
semblable à une usine à café abandonnée, sans entretien, sans
électricité. La commune accumulait alors quatre mois d’impayés de
lumière. Elle était dans le noir. Les employés, pères et mères de
famille accusaient des arriérés de salaire de 03 (trois) mois (que je
m’empresse d’éponger trois semaines seulement après mon installation) .
Paradoxalement, le Préfet du Moungo d’alors percevait 250 000
(Deux cent cinquante mille) FCFA par mois, à la commune de Njombé-Penja
; le Sous-préfet aussi. Ces deux administrateurs délestaient la commune
de 500 000 (Cinq cent mille) FCFA tous les mois. La Secrétaire du
Sous-préfet était payée par la commune, son chauffeur aussi. Curieux de
comprendre les raisons de ces dépenses qui en réalité ne cadrent pas
avec les missions de la commune, j’ai été sommé par le Préfet devenu
Gouverneur aujourd’hui (comme si les promotions au Cameroun ne visent
que des voleurs), de ne faire aucune dénonciation. Révolté parce que je
considérais déjà comme des abus, j’ai décidé en ma qualité de juge
d’opportunité et de gestionnaire de cette collectivité, d’arrêter cette
saignée financière qui ne s’expliquait pas, tout en redéployant à la
commune ces personnels, mis indûment à la disposition du Sous-préfet et
payés par ma commune.
Les réactions du Préfet et du Sous-préfet
n’ont pas tardé, l’un et l’autre décidés de me faire payer chère, mon
audace. Pour moi en réalité, cet argent devrait être orienté dans la
construction des points d’eau potable communaux pour le bien des
populations locales. J’étais alors devenu la bête à abattre pour avoir
osé fermer le robinet qu’était devenue cette commune au détriment des
populations écrasées par la misère.
En poussant plus loin ma
curiosité, je constate, non sans réunir mes collaborateurs, que les
plantations PHP, SPM et SPNP ne payent ni patente, ni enregistrements
sur leurs différents baux, bref, aucune taxe communale. Dans le but d’y
voir clair, je saisis par téléphone Monsieur François Armel (DG PHP),
Monsieur Brethes (DG SPM), Dame Caplain (DG sociétés Caplain) leur
faisant tenir parallèlement, des courriers à cet effet.
Malgré
mes démarches conciliatrices, aucune des sociétés n’a daigné faire le
moindre pas, si ce n’est des propositions de corruption. C’est ainsi
que Sieurs Brethes et François Armel me proposent des pots de vin de 20
millions de francs CFA / Trimestre au cas où j’abandonnais ma pression
pour le payement par eux, des impôts locaux. Il faut dire qu’au terme
d’une expertise fiscale que j’ai commandée, la commune se voyait
délester 2 755 000 000 (Deux milliards sept cent cinquante cinq
millions) FCFA par an, d’impôt communaux : (sur les salaires,
enregistrement, patente, taxes sur la dégradation de la chaussée, taxes
agricoles, différentes délibérations …).
Dans l’unique souci
d’aider ma commune et ses populations, j’ai décliné l’offre de
corruption qui m’a été faite par ces négriers. Pour rétablir la commune
et les populations dans leurs droits, j’ai saisi le Premier Ministre
d’alors, Sieur INONI Ephraim, qui a instruit le Directeur Général des
Impôts (Sieur Laurent NKODO) de reverser ces entreprises au régime de
droit commun, en procédant à l’annulation des différentes exonérations
dont elles se targuaient et qui, en réalité, étaient illégales,
conformément au Code Général des Impôts du Cameroun (Voir lettre
attachée).
En effet, ces sociétés, pour bénéficier de ces
exonérations, se sont fait déclasser et enregistrer par quelques zélés
de l’administration fiscale et sans doute contre pots de vin, comme
sociétés coopératives agricoles qui, selon le Code Général des Impôts
sont exonérées d’un certain nombre de taxes. Ce qui naturellement est
une tricherie, une délinquance fiscale qui ne permet pas à la commune
de Njombé-Penja d’asseoir une véritable autonomie financière.
Il
était désormais évident, qu’après avoir mis fin à la spoliation par le
Préfet et le Sous-préfet de fonds de la commune de Penja, après avoir
traqué les entreprises esclavagistes associées à ces deux
administrateurs entretenus par les premiers (carburant, avantage
divers), mes jours étaient comptés à la tête de cette commune où je
devenais un empêcheur de « bouffer ».
L’ALLIANCE DU MAL
L’alliance entre les administrateurs aigris (Préfet et
Sous-préfet) et les DG des bananeraies contre moi, était devenue
palpable. C’est ainsi que le 12 février 2008, après la fête de la
jeunesse, j’ai été reçu par le Gouverneur actuel, de la région du
Littoral, qui m’informait qu’il lui a été rapporté (le Comité de
Coordination du Moungo) que la veille, c’est-à-dire le 11 février,
j’étais assis au moment où on exécutait l’hymne nationale. Grâce à la
technologie occidentale, j’ai pu imprimer les CD-R de ladite fête, pour
confondre les manipulateurs et initiateurs de ce rapport grossièrement
mensonger.
Quelques CD-R remis au Gouverneur lui ont permis de
se rendre compte de cette manipulation. C’est ce qui a fait ajourner
mon arrestation, qui avait déjà été instruite pour ce 12 février 2008.
L’EVENEMENT FATAL
Alors que je croyais avoir échappé à l’arrestation ordonnée
le 12 février 2008, les évènements du 25 février sont venus servir de
prétexte pour régler une fois pour toute, les problèmes du Maire «
empêcheur de bouffer ». Cloîtré chez moi les 25 et 26 février 2008
parce que n’ayant aucune force de l’ordre à ma disposition pour
contenir les évènements, je n’ai pu sortir que le 27 février 2008 à la
faveur de l’arrivée à Penja, d’un renfort de plus de 300 hommes du GMI
et du BIR. Ce jour, le Sous- préfet et moi curieusement, avons associé
nos forces pour nous adresser à une jeunesse en furie, qui a fini par
nous comprendre, abandonnant la grève.
Ce jour même, la paix a
été établie en présence du Colonel ALKASSOUM, venu de la légion du
Littoral, qui, impressionné par nos interventions (le Sous-préfet et
moi) m’avoue qu’il est à Penja depuis le 22 février 2008 (avant la
grève), pour mon arrestation.
Que l’on veuille lier mon
arrestation aux évènements de février 2008, n’est que manipulation
politicienne. Pourtant je suis jugé pour ces évènements que je ne
connais ni d’Adam ni d’Eve. Pendant 09 mois de simulacre de procès,
aucun des 22 témoins du Ministère public pourtant préalablement
préparés par le Parquet du Moungo n’a déposé contre moi, encore moins
les 30 co-accusés qui m’ont été collés et que je ne suis venu connaître
qu’en prison.
FUITE EN AVANT
Après une parodie de procès ne reposant sur rien, et
manipulé par certains haut fonctionnaires de Yaoundé, « noyé par la
banane sucrée de Njombé-Penja » (suivez mon regard) et sentant le
jugement de Nkongsamba non fondé juridiquement et donc susceptible
d’être qualifié de politique, un nouveau procès m’a été collé sur le
dos, vide comme le premier : Accusation de détournement de la somme de
1 400 000 (Un million quatre cent mille) FCFA. Après le jugement
politique rendu à Nkongsamba, l’accélérateur est mis sur une accusation
non prouvée par pièce, d’un détournement de 1 400 000 FCFA. De quoi
s’agit-il ?
Ici, je suis accusé de « détournement » du simple
fait qu’il m’est reproché d’avoir engagé une dépense sans le visa
préalable du Préfet. Le Maire est l’ordonnateur du budget de la
commune, juge d’opportunité de la commune. En septembre 2007, pour
installer l’exécutif communal local, les conseillers municipaux
arrêtent un budget à 7 000 000 (Sept millions) FCFA. Les caisses de la
commune sont vides, c’est-à-dire sans argent. La tutelle exige et
instruit le Receveur Municipal de procéder aux recouvrements afin de
rendre possible ladite installation, à laquelle je suis opposée parce
que héritant d’une commune pauvre.
En parcourant le budget
communal de 2007, je m’aperçois que la ligne prévue pour les « fêtes et
cérémonies » c’est-à-dire la ligne 612-112 à la commune est épuisée.
Les procédures administratives et comptables exigent que, pour engager
une dépense dans une ligne, il faut se rassurer que le crédit dans
cette ligne est suffisant et disponible. Je me rends compte, qu’il ne
reste plus que 400 000 (Quatre cent mille) FCFA seulement,
disponibilité s dans cette ligne. Je procède à un virement de crédit
par arrêté que je prends, et le fait viser par la tutelle (le Préfet).
L’arrêté
est bel et bien visé par la tutelle. Une fois visé, je décide d’engager
les dépenses liées à l’installation projetée. Conformément à la loi, le
Maire est l’unique ordonnateur du budget de la commune voir loi
n°18-2004/22 Juillet 2004, et donc juge d’opportunité. Pour masquer mon
arrestation afin de la dépouiller de l’estampille politique, il m’est
reproché de n’avoir pas fait viser une décision que j’ai prise portant
dépense de 1 400 000 FCFA par le Préfet.
Il faut dire qu’aucune
loi, n’oblige le Maire à faire viser ses décisions par le Préfet et
seuls certains actes, limitativement énumérés par la loi n° 18-2004/22
Juillet 2004 article 70 sont soumis à l’approbation préalable du
Préfet. Par ailleurs, défini dans le cadre strict de l’article 184 du
code pénal, détourner c’est obtenir ou retenir frauduleusement les
biens appartenant à l’Etat, aux collectivités etc.…
Autrement
dit, même s’il était arrivé que la procédure comptable eût été violée,
ceci ne serait pas pénal. Pour le dire aisément, la violation d’une
procédure ou d’une règle de loi relève de la pure et unique compétence
du juge administratif que ne sont pas les magistrats du TGI du Moungo.
Dans le cas de cette procédure, aucune violation légale ne peut être
soulevée car le Maire reste l’unique ordonnateur du budget de la
commune et par conséquent, le juge d’opportunité. Dans ce procès, il
n’est versé aucune pièce prouvant que j’ai obtenu ou retenu
frauduleusement les biens de la commune.
Pourtant, le
législateur a été clair, « le Juge ne peut fonder sa décision que sur
les preuves administrées au cours des débats ». Aucune preuve dans ce
procès n’est apportée, ou mieux, n’est administrée pour prouver que le
1 400 000 FCFA a été perçu par le Maire que j’étais. Au contraire, les
reçus des prestataires sont là, pour prouver que les destinataires
finaux de cette somme sont bien, les prestataires grâce auxquels, les
cérémonies d’installation ont été rendues possibles. CD-R et photos le
prouvant.
HARCELEMENT JUDICIAIRE
Pas trop rassurés de retenir la culpabilité dans ce procès
de 1 400 000 FCFA inventé par mes persécuteurs, le Ministère Public, a
engagé un second dossier de détournement, sans me faire comparaître
chez un juge d’instruction et ce, en violation de la loi, mais me
renvoyant devant le juge de jugement. 2e Accusation de détournement
portant sur les sommes imaginaires.
Comme un rouleau
compresseur, tout est mis en branle pour me maintenir en prison. Après
le 1 400 000 FCFA dont on ne peut prouver ma décharge, je suis accusé
d’avoir détourné 4 960 000 FCFA donnés par la SPM et destinés à
l’extension du réseau d’eau SNEC à l’hôtel de ville de Penja.
Parlant
de cette somme d’argent, elle a effectivement été versée par la SPM au
prestataire de service (contre décharge) pour les travaux
d’installation du réseau d’eau potable à l’hôtel de ville de Penja.
Seulement, conformément aux procédures comptables et administratives,
pour recevoir un don, le Conseil Municipal siégeant comme organe
délibérant doit l’autoriser. Or pour l’autoriser, il doit se réunir en
session ordinaire ou extraordinaire. Mais, chaque fois que se réuni le
Conseil Municipal de la commune de Penja, 3 000 000 (Trois millions)
FCFA doivent être déboursés pour ladite session (frais de secrétariat,
frais de réception, carburant, indemnités de session des conseillers
municipaux).
Pour installer l’eau à l’hôtel de ville, le coût
des travaux est de 4 960 555 Francs CFA (Quatre millions neuf cent
cinquante cinq mille francs CFA). La SPM s’est engagée, à ma demande, à
financer cette opération qui était d’ailleurs, la première pour cette
entreprise. Partagé entre réunir le Conseil Municipal et dépenser 3 000
000 FCFA qui n’ont aucun rapport avec l’eau que je veux voir installer
à l’hôtel de ville, je décide de faire verser cette somme aux
entreprises prestataires des travaux d’installation d’eau. Ces sociétés
installent de manière effective, le réseau d’eau à l’hôtel de ville
pour la somme totale de 4 960 500 (Quatre millions neuf cent soixante
mille cinq cent) FCFA. L’hôtel de ville est connecté depuis novembre
2007 au réseau d’eau SNEC, au grand bonheur du personnel communal.
Question
: Qu’en serait-il si sur les 4 960 555 obtenus de la SPM, j’avais
déboursé 3 000 000 pour le Conseil Municipal qui n’était nullement
l’objet de ce don ? (Voir attaché procès verbal de réception des
travaux, constat d’effectivité des travaux par Huissier de justice,
autres pièces prouvant que cet argent n’a jamais été détourné).
Où
est le détournement ici ? La violation d’une règle de procédure
comptable est-elle un détournement ? L’eau peut-elle exister à l’hôtel
de ville et que j’en sois accusé de détournement ? Qu’est ce qui donc,
a été détourné ? Rigoureux dans la gestion de la chose publique, je ne
pouvais, nullement réorienter cet argent vers un objet auquel il
n’était pas destiné c’est-à-dire le conseil municipal ; mais plutôt
pour des travaux objet du don de la SPM (chacun peut vérifier que l’eau
est bel et bien installé à l’hôtel de ville de Penja).
DES RAPPORTS MENSONGERS, BASE DE MA REVOCATION
Pour obtenir ma suspension puis ma révocation, le stratagème
que le Préfet, le Sous-préfet et les négriers des bananeraies ont
arrêté est le suivant : Demander la descente à la commune d’un contrôle
mixte MINFI (Ministère des Finances) MINATD (Ministère de
l’Administration Territoriale et de la Décentralisation) courant
décembre 2007. Une commission mixte MINATD-MINFI descend à la commune
après avoir passé la nuit dans les plantations de bananes. Arrivée à la
commune le lendemain, la commission dirigée par Joseph KUETE, sans
m’entendre, décide de s’en prendre à la Secrétaire Générale de la
commune contre toute attente. Je leur dis qu’il m’a été rapporté qu’ils
ont passé la nuit dans la bananeraie. Sans se gêner, ils sont passés
aux aveux. Que sont-ils allés faire dans la bananeraie alors qu’ils
venaient pour des contrôles à la commune ? Dieu seul le sait jusqu’à
nos jours. Après avoir passé 48 heures à Penja, aucune question ne m’a
été posée sur ma gestion, ceux-ci se bornaient à vérifier les actes
administratifs de la Secrétaire Générale.
Au terme de leur
séjour, le rapport manipulé déposé auprès du MINATD porte sur des
supposées sommes d’argent que j’aurais prises à la PHP et à la SPM,
sommes que je n’ai pas reversées à la commune selon les contrôleurs et
les propriétaires des bananeraies de Njombé Penja. Ceci est confirmé
dans le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune du 05 Juin 2008 page
3, sur le titre : Pourquoi le Maire de Penja a-t-il été révoqué !
DES ALLEGATIONS MENSONGERES COMME ARME DE DESTRUCTION DU MAIRE ELU
Dans un entretien accordé à Monsieur Sébastien Moreigne
d’Amnesty International, Sieur Patrice O’Quin, propriétaire des
bananeraies de la SPM, bourreau de LAPIRO de MBANGA et Paul Eric
KINGUE, affirme ce qui suit : « Le Maire Paul Eric KINGUE, je ne le
connais pas personnellement. Je sais qu’il est corrompu. Une fois élu
Maire, il a été trouvé les sociétés bananières pour leur demander des
financements pour la mise en eau de Penja. Les PHP lui ont donné 17
millions de francs CFA, et la SPM 7 millions de francs CFA. Il ne les a
pas reversés, et la Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) a
déposé plainte contre lui, voyez la SNEC à ce sujet … »
Cette
déclaration qui coïncide curieusement avec l’article paru dans Cameroon
Tribune, vient conforter ma conviction selon laquelle ma révocation
vient des bananeraies. Pourquoi en douter quand on sait que pour
motiver ma révocation, le décret Présidentiel dit ce qui suit : « … révoqué pour irrégularités constatées dans la gestion de la commune … ». Cameroon Tribune a bien titré : "Voici pourquoi le Maire de Njombé-Penja a été révoqué".
Dans
l’article incriminé, il est écrit, noir sur blanc « qu’une fois
installé à la tête de la commune, j’ai été collecté des sommes d’argent
dans les plantations bananières, que je n’ai pas reversées. Sous
réserve qu’il me soit prouvé devant les juridictions pénales françaises
que j’ai perçu des supposées sommes d’argent dans ces plantations, j’ai
le devoir d’informer les communautés nationale et internationale que
jamais, mais alors jamais, il n’a existé aucune promiscuité entre ces
sociétés et moi. Autrement dit, je n’ai jamais traité des questions de
moindres sous avec ces sociétés. Qu’il s’agisse des 17 millions dont a
parlé Monsieur O’Quin, venant de la PHP, qu’il s’agisse des 7 millions
supposés avoir été perçu par moi dans son entreprise. Jamais la SPM n’a
versé 7 millions de francs CFA à Paul Eric KINGUE, jamais la PHP n’a
versé 17 millions à Paul Eric KINGUE en tant qu’individu, ni en tant
que Maire. La seule dépense effectuée par la SPM au profit de la
commune, c’est celle se rapportant à l’extension du réseau d’eau SNEC
installée de façon effective, visible, palpable, constatable à l’hôtel
de ville et vérifiable par tous. Et cette somme était de 4 960 555 FCFA.
A
la lecture de cette enquête menée par Sébastien Moreigne, il ressort
clairement un gros tissu de mensonges venant d’un homme qualifié de
patriarche, qui semble ne pas avoir la maîtrise de ses affaires en
Afrique. Il transpire par ailleurs que les Directeurs Généraux des
plantations de Njombé-Penja et Mbanga, quand ils veulent détourner,
inventent n’importe quelle potion à faire avaler à Robert Fabre
(Propriétaire de la PHP) et à Patrice O’Quin (Propriétaire SPM).
LA GOUTTE D’EAU QUI DEBORDE LE VASE
Le 27 février 2008, alors que le Sous-préfet et moi venions
d’obtenir le calme à Njombé Penja, je reçois un appel téléphonique
d’une chaîne de télévision privée de la place, qui voulait avoir des
précisions sur le bilan des émeutes dans ces localités. Encerclés (le
Sous-préfet, le Commandant, le Maire, le Colonel) par au moins 5 000
(cinq mille) jeunes portant encore des gourdins et menaçant de
reprendre les émeutes si je ne disais pas la vérité, je suis contraint
de déclarer ce qui suit : « … Njombé-Penja compte un mort, et Loum 6 victimes dont des blessés et des morts … »
Cette
déclaration qui n’a pas été appréciée par la hiérarchie politique de la
République est la goutte d’eau qui déborde le vase. C’est elle qui
scelle mon sort. Une déclaration, une opinion. Une seule déclaration a
suffi pour que je sois arbitrairement arrêté. Une déclaration faite
sous la menace des assaillants, une menace telle que, nul ne pouvait
faire autrement.
CONCLUSION
Cette mise au point est faite d’une part, pour permettre la
compréhension de ce feuilleton qui, le 25 février prochain entrera dans
sa 3e année, d’autre part, les manipulations politiciennes qui ont
conduit à mon arrestation. Il était évident que ma présence à la
commune de Penja hantait les opérateurs économiques propriétaires des
bananes, que je mets au défi, du fond de la prison où je croupis
injustement, d’apporter la moindre preuve du payement de leurs
patentes, des enregistrements des baux (dont 90% de paiement reviennent
aux communes), les paiements des taxes agricoles, des taxes communales
fixées par délibérations approuvées pourtant par la tutelle
administrative (Préfet, Gouverneur).
Ma présence à la tête de
cette commune menaçait également les intérêts financiers d’un Préfet et
d’un Sous-préfet corrompus et sans hauteur, qui des années durant, ont
fait mains basse sur les ressources d’une commune qui n’arrivait pas à
retrouver ses repères et dont j’étais décidé de renflouer les caisses,
pour le bien des populations de Njombé-Penja qui m’ont accordé leur
suffrage pendant les
Quelle est cette logique qui veut qu’au
Cameroun, seuls les voleurs de la fortune publique, les
déstabilisateurs de l’équilibre social soient récompensés ? Ne
méritais-je pas d’être soutenu dans mes nobles ambitions de redonner à
une commune ce qu’elle a perdu depuis plus de 3 décennies ? Devrais-je
forcement m’aligner dans la logique de corruption en acceptant les
propositions faites par ces Directeurs coloniaux qui me proposaient 20
millions FCFA par trimestre. Peut être en acceptant cet argent,
j’aurais été financièrement heureux, mais j’en suis sûr malheureux
moralement pour avoir été complice des malheurs d’une population qui
souffre au quotidien. « J’ai préféré moi, de souffrir financièrement et
vraiment, je souffre dans la Prison de New Bell où je suis
arbitrairement incarcéré ».
Paul Eric Kingué
Maire légitime de la Commune de Njombé-Penja,
Détenu politique des Bananeraies PHP & SPM