Joe la conscience, un martyr contemporain
Au commencement, était une marche pacifique de Loum à Yaoundé, pour exprimer son refus de tout tripatouillage constitutionnel au Cameroun. Regardez la vidéo montrant quelques extraits de la marche effectuée par l'artiste Joe la Conscience.
Video : Joe la conscience contre la modification de la constitution
Joe La Conscience depuis la prison de Kondengui, saisit les Missions Diplomatiques Accréditées au Cameroun.
A Messieurs et Mesdames les Chefs des Missions Diplomatiques Accréditées au Cameroun.
Mesdames et Messieurs,
C’est avec beaucoup d’émotions que je me décide ce jour, à prendre mon
stylo, du fond de ma cellule, pour lancer cet appel de détresse, au
sujet de la misère de toute la jeunesse Camerounaise, victime depuis
les derniers évènements sociaux dans notre pays, d’un embastillement en
masse.
En effet, Messieurs et Mesdames, eut égard au fait que ces jeunes gens pour la plupart âgés de moins de 20 ans avaient été appréhendés dans la confusion totale, beaucoup se retrouvent aujourd’hui dans les différentes prisons du Cameroun, avec des peines qui dans la plupart des cas constituent une hypothèse grave pour leur avenir. Si toutefois, le malaise social découlant de la surenchère des produits de premières nécessité, ainsi que le rejet par la jeunesse du projet annoncé de la modification de la constitution peuvent permettre de comprendre les derniers soulèvements, rien mais rien alors ne justifie la destruction du patrimoine national par certain camerounais : chose que nous condamnons avec la dernière énergie. Cependant le silence de vos différentes chancelleries inquiète ; même si je sais que certains d’entre vous sont très actifs dans l’ombre, pour obtenir l’affranchissement de tout le monde, je pense également qu’une action publique et collective serait la bienvenue car il s’agit de sauver l’avenir de mon pays.
D’autre part, la situation de promiscuité avancée qui existe dans les prisons camerounaises aujourd’hui n’étant plus à démontrer, il est tout simplement question de sauver cette jeunesse d’une mort certaine, puis que nos prisons ne sont rien d’autre que des mouroirs proches des camps de concentration NAZI de l’époque. L’État camerounais même ne parviens plus à nourrir et à rendre soins des prisonniers.
Incarcéré à la prison Centrale de Yaoundé depuis le 06 mars 2008, je vis dans le local 70 du Quartier 8 de cet établissement pénitencier qui au départ a été conçu pour 800 personnes, mais qui en contient aujourd’hui plus de 5000.
Ici, un local est une chambre de 4m/5m qui
contient 12 petits lits à étages dans lesquels peuvent dormir 24
personnes, auxquelles s’ajoutent ce qu’on appelle les dormataires (qui
dorment à terre) et dont le nombre aborde la quarantaine, et même
parfois plus. Les Hommes sont ainsi couchés, les uns collés aux autres
sur le côté comme des esquisses, et ceci dans une atmosphère de tension
ambiante où des jeunes enfants innocents sont obligés de côtoyer les
criminels de haut niveau. Il arrive même qu’au levé du jour, les 70
habitants ou locataires d’un local ne se réveillent pas tous, suite à
des décès provoqués par l’étouffement. Dans de telles circonstances où
les véritables délinquants ont de la peine aujourd’hui à se frayer une
place en prison à cause de ce surnombre qui a été volontairement créé,
je vous invite à prendre vos responsabilités, afin d’éviter le génocide
de la jeunesse de tout un pays.
Me concernant, Messieurs et
Mesdames le crime que l’on m’accuse est d’avoir fait une marche à pied
de Loum à Yaoundé et d’avoir amassé plus de 1000 signatures contre
l’amendement de la constitution par le président Paul Biya, président
de mon pays le Cameroun. On M’accuse aussi d’avoir fait un sit in
pacifique devant l’ambassade des États-Unis à Yaoundé afin d’exposer
cette situation au monde. Voilà mon crime. J’ai été ainsi condamné à
six mis de prison ferme pour « Réunion et manifestation interdite “ dans un procès inique et expéditif sans éléments probants contre ma charge.
Afin
de sauver la fragile démocratie camerounaise et les jeunes qui
aujourd’hui croupissent dans les centres de détention et pour
certains dans les prisons sans jugements , je vous prie d’intercéder
auprès du Président de la République dans le but de l’obtention au
profit de la jeunesse une grâce Présidentielle à l’occasion de la fête
nationale du 20 mai 2008.
Dans l’attente que ce cris de détresse trouvera en vous âmes sensibles, Veillez excellences agréer l’expression de ma très haute considération.
Fait le 11 Avril à la Prison Centrale de Yaoundé
KAMENI Joe de VINCI
Artiste-Homme de Culture,
Détenu à la Prison Centrale de Yaoundé