Le régime fasciste accablé par un nouveau rapport sur la repression de février
RAPPORT
PROVISOIRE DE SITUATIONSUR LES MANIFESTATIONS POPULAIRES DES 22 AU 28 FEVRIER
2008 ET
LA REPRESSION ADMINISTRATIVE ET JUDICIAIRE CONSECUTIVE
(Par L’ACAT Littoral et la MDDH)
I. LES FAITS
Tout commence le vendredi 22 février 2008, sans doute en prévision du
meeting du parti politique du Social Democratic Front (SDF), prévu le 23
février 2008 au lieu dit "Carrefour Dakar", dans l’Arrondissement de
Douala 3ème. Ce meeting avait pour objectif de sensibiliser le
public sur la révision de l’article 6 alinéa 2 de la Constitution du Cameroun.
Les forces de l’ordre assiègent ledit quartier Dakar, en se massant en
particulier autour de l’espace prévu pour le meeting.
Samedi, jour du meeting dans l’après-midi, les responsables provinciaux
du SDF se rendent sur les lieux, constatent l’impressionnante présence des
forces de l’ordre malgré l’assistance, et annoncent l’annulation du meeting
pour, selon l’organisateur, éviter une effusion de sang. Il se retire après cette annonce.
Aussitôt que le dirigeant du parti et son entourage se sont retirés, les
forces de l’ordre présentes se sont ruées sur l’assistance qui se dispersait, à
coups de lance-eau, à l’aide d’un camion appelé "mami wata", et de fusils tirant à balles réelles. Ainsi
commencent les affrontements populations - forces de l’ordre qui durent presque
toute la nuit ; bilan de ce premier épisode : deux morts et des
centaines des blessés, une station d’essence détruite et des nombreux pillages
(boutiques, magasins…) dans le
quartier.
Ces évènements surviennent alors que les syndicats des transporteurs,
qui se trouvaient en négociation avec le Gouvernement à Yaoundé pour la baisse
des prix du carburant, viennent d’annoncer une grève générale pour le lundi 25
février 2008, au cas où leurs revendications ne seraient pas satisfaites.
C’est ainsi que les populations de Douala se réveillent lundi matin et
ne trouvent dans les rues aucune trace de véhicule, ni des motos en
circulation ; on comprend que le mot d’ordre de grève des transporteurs
est entré en vigueur.
La plupart des travailleurs décident de rester chez eux ; d’autres
ont le courage de continuer la route pour aller au travail. Les quelques
particuliers qui se hasardent sur la route avec leurs véhicules sont lynchés
par des grévistes supposés et se replient à domicile. Seuls se trouvent sur
toutes les rues de la ville, une population bigarrée qui, dans un premier
temps, manifeste en brandissant des pancartes et en criant des slogans. Tantôt
on peut lire « Ne touche pas à
ma Constitution » ; « Nous
voulons une baise de 35% pour les produits alimentaires » ;
« Nous n’avons plus d’avenir » ;
« Paul BIYA doit partir ».
Tantôt on peut entendre les femmes dire : « Nous ne pouvons plus nourrir nos enfants à cause de la vie chère » ;
« Nos enfants qui ont fini l’école
sont encore à notre charge »…
On a entendu des élèves qui avaient, de gré ou de force, déserté les
établissements pour se mélanger aux manifestants livres et cahiers en mains,
s’écrier : « A quoi sert même
l’école quand elle ne débouche plus sur rien ? » …
Subitement, entre neuf et dix heures, les manifestations jusque là
pacifiques, se transforment spontanément en émeutes violentes de quartiers en
quartiers.
En fait, cette radicalisation d’attitude est provoquée comme nous
l’apprendrons de source sûre, par une information selon laquelle, un peu plus
tôt au carrefour de l’école publique de Deïdo, aux environs de cinq heures du
matin, des gendarmes de passage auraient arrêté et molesté violemment un
passant qui ne leur avait rien fait, provoquant la colère d’autres citoyens qui
évoluaient sur le trottoir opposé. Ceux-ci ce seraient donc dispersé en
répandant la nouvelle, relayée en suite dans les quartiers. Ce n’est sans doute
pas la seule explication.
Leur colère n’a malheureusement pas tardé à dégénérer en vandalisme et
plus tard en pillage après que les manifestants aient été infiltrés et débordés
par des bandes affamées et incontrôlables, voire des braqueurs notoires…
Les manifestations populaires apparemment spontanées, et non organisées
en l’absence de leaderships et d’encadrement de forces de sécurité - qui ont
préféré leur faire face - ont été de fait récupérées par ce que l’on a appelé à
juste titre des "vandales" ou des "casseurs affamés".
Lesquels ont, dès ce moment, dirigé les opérations de pillage et de destruction
des biens publics et privés durant cinq jours.
Dans ces circonstances, les autorités administratives ayant choisi la
manière forte pour ramener l’ordre, des affrontements violents entre les forces
de l’ordre armées et tirant à balles réelles, et les manifestants armés de
pierres ou à mains nues…, ont duré cinq jours et six nuits, faisant une
centaine de morts dans la seule ville de Douala, d’après les estimations les
plus optimistes.
Dans le reste de la province et notamment les deux départements du Mungo
(Loum, Penja, Mbanga…), la flambée
des violences a été similaire, avec une dizaine de victimes humaines à la clé
et des nombreuses destructions des biens. Depuis lors, on signale la découverte
quasi quotidienne par les populations des cadavres humains abandonnés dans les
bananeraies de Njombé.
Selon nos sources dans cette localité, il s’agirait des employés de la
Société des Plantations Njombé-Penja (SPNP),
entreprise française productrice de bananes qui, lors de la grève, auraient
pris les employeurs en otage pour cause d’arriéré de salaires. Lesdits patrons
ayant fait appel aux autorités provinciales du Littoral, le Groupement Mobile
d’Intervention (GMI) N° 2 a été
dépêché sur les lieux pour libérer les otages en pourchassant les employés dans
la bananeraie et en tirant massivement à balles réelles sur eux.
A la suite de la chasse meurtrière du GMI, les patrons français de la
société ont été amenés sous escorte à Douala, d’où ils seraient partis pour
leur pays. Quand aux plantations de bananes, elles ont été en partie rasées par
les populations de la localité.
Nous signalons que le maire RDPC de la commune de Njombé, qui avait osé
indiquer près d’une dizaine de morts identifiés dans sa localité, en cette
cette journée du 25 février 2008, a été suspendu de ces fonctions par le
ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, puis
arrêté et déporté en garde à vue administrative à Nkongsamba, à une quarantaine
de kilomètres de son domicile.
Des sources dignes de foi, indiquent que la même spontanéité et les
mêmes violences ont caractérisé les manifestations dans les provinces du
Sud-Ouest, et particulièrement à Kumba (où
les populations s’étaient déjà manifestées, il y a quelques mois, contre les
coupures intempestives du courant électrique par l’Aes-Sonel), mais aussi à
Buéa et Limbé, ainsi qu’à Bamenda dans la province du Nord-ouest. D’après les
journaux paraissant à Douala et Limbé, et les derniers rapports de nos
enquêteurs, il y aurait eu : six morts à Kumba, trois à Buéa, cinq à Limbé
(dans la province du Sud-ouest) ;
six à Bamenda (dans la province du
Nord-ouest) ; deux à Bafang et quatre à Bafoussam (dans la province de l’Ouest).
II. FAIT COLLATERAUX
OU CONSECUTIFS
Dans cette situation, il est évident que les arrestations arbitraires
sont opérées par les forces de l’ordre et que s’en suivent des actes de
tortures et de maltraitances diverses (bastonnade,
brimade, enchaînement, mise à nu …) dans les lieux de détention.
De sources crédibles, on parle d’environ deux mille interpellations dans
la province du Littoral. Des personnes interpellées sont gardées dans les
cellules ou des centre de détention improvisés dans des unités de gendarmerie,
de police et de l’armée, notamment :
- Gendarmerie (légion de gendarmerie à Bonanjo, escadron de Mboppi et la
brigade de recherche) ;
- Police (groupement mobile d’intervention n° 2 Littoral (Gmi), Division
provinciale de la police judiciaire du Littoral (Pj) ;
- Militaire (la base navale) ;
- La brigade de gendarmerie de Mbanga ;
- Groupement de gendarmerie de Nkongsamba.
L’accès à ces détenus est un parcours de combattant.
Parmi les lieux de détention, la prison centrale de Douala s’est
signalée de manière particulière au cours de ces évènements. Le mercredi 27
février, elle a connu des émeutes après la déclaration du Chef de l’Etat :
- Les détenus enchaînés dans cette prison ont brisé leurs chaînes, détruit
certains bureaux administratifs, et mis le feu aux documents administratif du
pénitencier ;
- Ont tenté d’attaquer la cellule des femmes (Spéciale 17) et celle des détenus nantis (Spéciale 18) ;
- Lors de l’affrontement entre détenus mutins, les gendarmes sont
intervenus, faisant usage des gaz lacrymogène et tirant à balles réelles dans
le tas ;
- Selon nos informateurs, deux détenus ont été grièvement blessés à cette
occasion, l’un au tibia et l’autre au bas ventre.
III. DESARROI DES
FAMILLES
Plusieurs familles à la recherche de leurs proches sont ballottées de
lieu de détention en lieu de détention sans aucune information sur le sort des
leurs.
IV. PROCES EXPEDITIFS
En moyenne cent personnes, par juridiction et par audience, en majorité
des adolescents, sont en procès à Douala depuis le vendredi 29 février. Les
audiences se succèdent à un train d’enfer et les juges se relayent pour
exécuter la besogne.
Les premières peines prononcées contre les prévenus sont de six mois à
plus de cinq ans.
Les audiences qui se déroulent sont un chef d’œuvre de déni du Code de
Procédure Pénale Camerounais.
a) Les prévenus n’ont eu en face d’eux, ni plaignants, ni témoins à charge.
Rien que le Procureur, partie poursuivante qui plaide exclusivement à
charge ;
b) L’identification des accusés n’est pas fiable, puisque beaucoup sont
poursuivi, entre autres, pour "défaut des carte d’identité
nationale" ;
c) Les prévenus sont poursuivis et jugés sur la base de procès verbaux d’audition
qu’ils n’ont pas signés, n’en ayant pas eu l’opportunité ;
d) Ils sont jugés avec les ages qui leur sont attribués contradictoirement
par le juge, puisque l’urgence, le rythme des audiences ne permet pas aux
familles de produire les actes de naissance ;
e) Les peines sont infligées aux condamnés, sans référence à leur passé
pénal, puisqu’il n’y a pas de temps pour exiger un extrait du casier
judiciaire.
Nous rappelons que outre le caractère expéditif des ces jugements,
l’emprisonnement de ces jeunes n’ira pas sans poser de problèmes humains
inhérents à la surpopulation des prisons de Douala et Yaoundé et ses
corollaires. Lesquels prisons ont été construites (en 1930 pour celle de
Douala) pour contenir environ huit cent personnes, et sont aujourd’hui peuplées
de trois mille détenus chacune en moyenne.
A Yaoundé en particulier, ce sont à quatre vingt dix neuf pour cent
(99 %) des personnes très jeunes qui sont en procès. Les mineurs et les
adultes sont jugés aux mêmes audiences.
D’après les informations recueillies à bonne source, les trois cent
personnes qui ont été arrêtées de lundi à mercredi, uniquement à Yaoundé,
font partie des gens jugés actuellement.
Ils ont été arrêtés en majeure partie dans la rue, parfois à leur
domicile.
Le scénario, à chaque fois, est le même : la police arrive dans un
quartier chaud et arrête tout le monde. On prend cinquante personnes d’un coup
sur la route. Les PV et l’enquête sont ensuite très rapidement bâclés. Les
procès sont expéditifs. Jeudi, tous les accusés ont été condamnés à deux (02)
ans de prison ferme, pour manifestations sur la voie publique,
attroupement, port d’armes, destructions, rébellion en groupe et violences à
fonctionnaires. Seul un enfant de 12 ans a été libéré. Vendredi, on a tenté de
demander le renvoi, mais il a été rejeté. Ce qui se passe actuellement est très
grave. Il y a des suspects qui croupissent des années en prison sans être
jugés, par manque de personnel, mais aujourd’hui tout va très vite, c’est comme
si les peines étaient fixées d’avance. Ces procès sont téléguidés. C’est plus
la justice, ça ! Les accusés sont jugés six par six, cinq minutes chacun,
sans aucune preuve. On les accuse de port d’armes, mais il n’y aucun scellé,
pas un couteau, pas un caillou, rien. Aucun fonctionnaire soi-disant agressé
n’est venu à la barre identifier des condamnés. Pour prouver une destruction,
on montre tout simplement un car de police démoli. Et on charge des jeunes
arrêtés à deux kilomètres du lieu de l’agression. Au procès de vendredi, un
gendarme cité comme témoin par l’accusation, a démenti clairement le
procureur : « la plupart des
gens arrêtés ici n’étaient que des curieux qui se trouvaient à proximité des
émeutes pour voir ce qui se passait ». Il s’agit d’un maréchal des
logis chef ! Une autre fois, deux témoins se contredisaient sur le lieu de
l’arrestation. Le jeune a été quand même condamné. Sa seule faute : tout
le monde a fui et lui est resté sur place. En somme, la procédure est autant
bafouée dans les tribunaux de Yaoundé que ceux de Douala.
Dans un communiqué précédent, nous avons parlé en ce qui concerne les
victimes de la répression, d’un bilan provisoire d’une centaine de
personnes ; le ministre camerounais de la communication, nous a opposé un
démenti en parlant de dix sept (17) morts et d’autres morts victimes de
règlement de compte entre braqueurs (pilleurs). On comprend que les auteurs des
exécutions sommaires ne puissent pas adresser tous les jours au ministre de la
communication, le bilan quotidien de leurs exactions.
Il est incontestable que sur le seul pont du Wouri à Douala, ou des
manifestants ont été coincés par un hélicoptère à un bout et un camion
militaire à l’autre bout le lundi 25 février, des centaines de camerounais ont
été précipités dans le fleuve. Ceux qui ne savaient pas nager sont morts
noyés ; depuis le week-end, les pêcheurs ont remonté plus de vingt (20) corps.
Cette pêche aux corps est désormais assurée par les forces de l’ordre,
et les pécheurs ayant été sommés de ne plus s’en mêler et de se taire.
A ce sujet, une interview accordée à la presse par le gouverneur de la
province du Littoral, M. Faï Yengo Francis affirme que certains corps ne
peuvent être récupérés par les familles, parce qu’ils appartiennent aux forces
de l’ordre,
Les observateurs n’hésitent pas à penser qu’il s’agit de dissimulation
ou de séquestration de cadavres.
V. CENSURE DE
L’INFORMATION
Le retour de la censure et les arrestations des journalistes, notamment
Jean Blaise Mvié, Directeur de publication du journal "La Nouvelle Presse", la
confiscation des cassettes de reportage des chaînes de télévision, la menace de
suspension desdites chaînes, l’interpellation et le molestage des reporters, la
fermeture des stations de télévision et de radio "Equinoxe" à Douala, de radio "Magic FM" à Yaoundé, sont autant de faits qui ont transformé
la presse camerounaise, à quelques exceptions prêts dans la presse écrite, en
simple instrument de propagande du système répressif, ou en observateur sans
voix.
VI. LE SORT DES
LEADERS D’OPINION
S’agissant de certains leaders d’opinion dont l’arrestation et
l’assassinat avaient été annoncés par la rumeur publique, nous pouvons préciser
que d’une part, si Joe La Conscience (dont
le fils de onze ans a été froidement abattu à son domicile) reste toujours
en garde à vue à Yaoundé, son petit frère M. Elangué Thierry, lui, a comparu le
06 mars 2008 au Tribunal pénal de Mbanga pour avoir arboré un tricot sur lequel
était écrit : "Libérez Joe La
Conscience". Il a été condamné, ainsi que ses quatre compagnons, à dix
huit mois de prison ferme et cinquante mille francs CFA d’amende.
D’autre part, Mboa Massock a pu se mettre en sécurité hors de
Douala ; Jean Michel Nitcheu, après qu’on ait retenu son passeport, a été
interpellé à Douala le 5 mars à Douala à 16 heures par les services du Colonel
Meka de la Légion de gendarmerie, pour être entendu sur les raisons de sa
résistance à l’interdiction des manifestations dans la ville. Après son
audition, il a été libéré à 00 heures et reconduit à son domicile à la
diligence du Colonel Meka.
Quant à Lapiro de Mbanga, effectivement interpellé à son domicile dans
la nuit du dimanche au lundi 3 mars, il a été libéré quelques instants sur
instructions reçues par la trentaine des soldats venus l’arrêter.
VII. CONTEXTE ET
CAUSES
Ce qu’il faut bien considérer comme une crise sociale est arrivé dans un
contexte de chômages massifs dans la ville, de pauvreté généralisée, de chère
té de la vie, de déficit d’offre de services public de frustrations politiques
et d’inégalités sociales telles que, un rien pouvait mette le feu aux poudres.
Les populations hantées par le mal-vivre, et considérant que le régime
de monsieur BIYA est responsable de leurs souffrances, espéraient qu’en 2011,
ce dernier quitterait le pouvoir pour permettre un changement éventuel de la
situation. Or, il a expliqué à la Nation dans son discours de fin d’année qu’il
comptait modifier la disposition constitutionnelle qui limite le nombre de
mandats présidentiels. Tout laisse penser que pour la majorité des camerounais,
cette modification permettrait à monsieur BIYA de rester encore au
pouvoir ; ce qui est douloureusement ressenti.
D’autant plus que le droit qui est donné au parti au pouvoir de
manifester est refusé aux citoyens qui sont contre, de manifester pour exprimer
leur opposition.
Il faut ajouter à cela le fait que pendant que tous les camerounais
étaient occupé à suivre leur équipe nationale « les lions indomptables » à la coupe des Nations 2008 au Ghana,
le Gouvernement a profité pour augmenter de 16 francs les prix de l’essence à
la pompe et l’on sait l’impact de la moindre augmentation des prix du carburant
sur les coûts de facteurs des autres secteurs d’activité économique et sociale.
Il n’est pas superflu d’inclure dans ce contexte, un certain
mécontentement induit des destructions des propriétés, des commerces dans les
villes de Douala et Yaoundé pour non respect des normes, selon les autorités,
des personnes qui n’ont pas toujours été recasées ni indemnisées. Sans parler
du chômage massif des jeunes dans les deux grandes villes (vingt pour cent de la population à Yaoundé, trente pour cent à Douala).
C’est dans ce contexte qu’éclate ce que l’on reconnaît aujourd’hui y
compris les autorités politiques, comme l’expression d’un ras-le-bol des
populations même s’il n’a été organisé et piloté par un ou des leaders pouvant
servir d’interlocuteurs au pouvoir de monsieur BIYA ;
Des observateurs n’hésitent d’ailleurs pas à dire que cette absence de
leaderships de la population en général et de la jeunesse en particulier est le
résultat d’une liberté démocratique biaisée.
Ils constatent que le Président Biya n’a pas pris en compte ce contexte
socio-économique comme facteur déclarant de l’expression sociale, a plutôt
réagi comme dans une situation insurrectionnelle, et avec une disproportion
dont les conséquences seront humainement et économiquement très lourdes pour le
pays.
Il est toutefois trop tôt pour esquisser un bilan global en matière
d’atteintes aux Droits Civils et Socio-économique de la tragédie qui se
poursuit par des arrestations massives et des jugements sommaires dans tout le
pays.