Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le site du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR - MUN)
Le site du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR - MUN)
Archives
14 septembre 2008

Hommage de Guérandi au Mpodol

Cameroun : Epilogue de Guerandi Mbara sur le cinquantenaire de l’assassinat de Ruben Um Nyobè

Mbara Guerandi: Camer.beLe Dr. Guerandi Mbara est l’un des principaux meneurs du putsch manqué du 6 avril 1984. Depuis lors, il vit en exil  mais, rêve de revenir au Cameroun en libérateur... Au pays des hommes intègres où il se trouve, il officie non seulement en conseiller militaire du président Compaoré, mais en plus, il réalise le conseil dans des domaines aussi variés que le développement, la politique administrative, la politique internationale et… la stratégie militaire. En plus de ces activités, l’ancien putschiste  profite de ses années d’exil pour commettre des publications sur le devenir de son pays le Cameroun. Dans cette réflexion du capitaine Guerandi parvenue ce jour à la rédaction de Camer.be, il épilogue sur Um Nyobé à l'occasion du cinquantenaire de l'assassinat de ce dernier.
Au moment où Ruben Um Nyobé bénissait par son sang le « berceau de nos ancêtres », de suite d’un assassinat par les troupes coloniales de la France le 13 septembre 1957, les ennemis de l’émancipation de l’Afrique ne se doutaient pas du symbole-être qu’ils venaient de sacraliser. Les Patriotes sincères commémorent aujourd’hui le cinquantenaire de l’assassinat de «Mpôdôl ». Comme le souligne Edgar Morin, la dialectique ne marche ni sur les pieds ni sur la tête, elle tourne parce qu’elle est avant tout jeu d’inter-rétroaction, c’est-à-dire boucle en mouvement perpétuel. Le cinquantenaire de l’assassinat de «Mpôdôl» donne l’opportunité de revisiter notre Histoire pour en tirer la raison existentielle de notre peuple au présent et au futur. Comme disent les historiens, la rétrospective fait de la prospective. Le passé prend son sens à partir du regard postérieur qui lui donne le sens de l’histoire. La perspective sur le présent est donc  nécessaire à toute prospective.
Il y a  50 ans que le «Mpôdôl» nous a légué plusieurs messages significatifs et prospectifs. A la naissance de l’idéologie originelle de la libération du Cameroun, il fallait que les fondateurs de l’UPC fissent preuve d’invention politique dans la mesure où une telle idéologie est constitutive du lien social dans une perspective de refondation et des espérances légitimes du peuple. A ce sujet, Ladrière note que  « l’invention du politique est d’abord l’invention de l’espace social à l’intérieur duquel le politique comme tel pourra devenir une vraie question, c’est-à-dire une question capable de se traduire en décisions précises quant aux institutions, donc quant à la forme de la vie collective .»
« Ce que veut l’UPC  » est consigné dans des observations de R. Um Nyobé devant la 4ème Commission de l’ONU en 1952 en des objectifs immédiats et des revendications nationales. D’une part, « Grouper les populations du Cameroun en menant une lutte résolue contre les divisions tribales, contre le racisme, contre toute discrimination basée sur les conceptions religieuses» et d’autre part, « La réunification est la condition indispensable pour l’accession du Cameroun à l’indépendance. »
Très tôt, le «Mpôdôl» et ses camarades ont compris la nécessité du « vivre-ensemble » pour bâtir la NATION camerounaise. A cet effet, le « vivre-ensemble » des Camerounais devrait se traduire d’abord, au niveau des composantes nationales et ensuite à celui des parties du pays à réunifier (West Cameroon et Cameroun oriental). D’où la volonté de rassembler les composantes sociologiques et de considérer les enjeux géopolitiques dont les symboliques se trouvent trempés dans le sigle « UPC » (Union des Populations du Cameroun) et les objectifs stratégiques poursuivis (REUNIFICATION et INDEPENDANCE) .
Dans les pays africains, la société/communauté n’est pas homogène à cause des facteurs  tels que l’occupation de l’espace, l’instabilité des populations, la mobilité résidentielle, le statut politique du citoyen et des entités (ethnie, collectivités locales, organisations de la société civile, etc.), et l’absence d’un Etat de droit. Par conséquent, le vivre-ensemble national et panafricain serait mieux pensé à travers « les paradigmes de la diversité et de la différence ».
Désormais, la question est la suivante : A partir des entités, en l’occurrence des ethnies,  des collectivités territoriales et des organisations de la société civile, comment gérer la diversité interne  et les conflits en fonction des réalités sociologiques et politiques? Autrement dit, comment penser la manière africaine de vivre ensemble dans un territoire?
Un des défis majeurs pour  la pérennité du « vivre-ensemble » est le renforcement relationnel entre les différentes composantes de notre société/communauté . Pour donner corps au message posthume de R. Um Nyobé, il est nécessaire : 1) de refonder une superstructure idéologique et philosophique, 2) d’avancer avec le passé et notre diversité, et 3) surtout d’apaiser les cœurs et les esprits, et tout en réconciliant les citoyens, les composantes sociales et le peuple avec lui-même.
Refonder une superstructure idéologique et philosophique
Le nationalisme de R. Um Nyobé et de l’UPC avait pour expression la signification du sigle « UPC » et la réalisation des objectifs visant la Réunification et l’Indépendance. Pour R. Um Nyobé, réunifier d’abord le Cameroun était un préalable pour l’indépendance devenue un facteur de l’idéologie nationaliste.
En effet, avant le développement économique, social et technologique, il importe d’opérer la révolution morale et culturelle. C’est « une révolution de l’état d’esprit  » et une refondation de la superstructure idéologique et philosophique. Bref, elle constitue l’opération morale et psychologique, nous permettant d’avoir notre « propre centre d’initiative et de création.» Dans le cadre de cette révolution morale et culturelle, la volonté politique et la culture de l’action sont des valeurs  essentielles parmi d’autres.
C’est pourquoi, s’impose une lecture minutieuse de l’éthos africain afin de scruter les valeurs qui constituent notre patrimoine si nous voulons bâtir le présent et l’avenir. Pour les jeunes par exemple, une forme de structure sociale fondée sur la culture de nos terroirs et présente dans l’imaginaire populaire,  constitue une approche organisationnelle. Remémorons-nous qu’à travers son contenu, l’initiation inculquait aux jeunes les valeurs suivantes: la responsabilité collective, l’esprit de service communautaire, le courage, la maîtrise de soi, l’audace, le sens du bien commun, le sens de la vie, la solidarité, la participation à la vie de la communauté,  la vie du groupe et la sociabilité.
La matérialisation de ce projet « édifier et consolider la Nation », ce « vouloir vivre ensemble » passe donc par le démantèlement des mécanismes d’aliénation et d’obscurantisme, c’est-à-dire l’acquisition de la conscience nationale. Elle doit s’adresser surtout aux jeunes en vue de l’émergence d’une jeunesse patriotique et consciente de son devoir envers la nation. Toute chose qui transcende le passé et nos multiples réalités.

Avancer avec le passé et notre diversité
La première forme de valorisation des cultures du terroir est la reconnaissance de ce que «tradition» n’est pas l’ennemie de la «modernité». Avancer vers la mondialisation des échanges, l’internationalisatio n de la communication, le «village planétaire» et tout autre moyen de production du lendemain ne constituent pas des contre-garanties de la visibilité des «communautés culturelles» dans l’espace public. Il faudrait prendre en compte les dynamiques communautaires, régionales et ethniques dans la reconstruction d’une identité nationale. Qu’est-ce qu’une «nation», sinon la conjonction articulée de toutes ces différences qui participent, toutes, de la mise en perspective et de la multiplication des forces et atouts d’un groupe de populations vivant sur le même territoire.
Dans un pays que hante depuis si longtemps le fait «communautaire» , «ethnique» ou «clanique», dans un pays où l’ethnie est depuis plusieurs décennies l’objet de manipulations et de récupérations, on peut percevoir le risque d’un tel discours. Il peut donner le sentiment de maintenir les sectarismes et les illusions de «l’équilibre régional», tels qu’ils ont perduré jusqu’alors, sans fondement moral ni culture intellectuelle. Non ! Il ne s’agit pas de placer la différence au centre de l’enjeu de production d’un espace public, mais la valoriser comme une ressource d’échanges, de fermentations de ce que chaque groupe de populations a de meilleur.
Cela d’autant que l’époque dite «postmoderne» que nous vivons actuellement est fondamentalement celle de la montée des particularismes, de revendications identitaires de toutes sortes, et de toutes ces subjectivités qui sont loin d’être un fait strictement camerounais ou africain mais bien une réalité à l’échelle mondiale. Il est toutefois opportun et urgent de préconiser des interactions justificatives d’une dynamique constructive.  Loin de nous donc l’idée de vouloir faire reposer les régions sur des communautés ethniques.  Il est plutôt question de  fonder celles-ci sur des filiations d’intérêts qui dépassent une vision locale de l’intérêt général, mais qui s’appuie aussi bien sur les individus que sur les communautés, afin d’appréhender l’intérêt supérieur de la nation comme une valeur qui ne se réalise qu’avec l’apport valorisé de tous.
L’Etat postcolonial doit donc courageusement prendre en compte cette face difficile de son existence. Pour être plus fort, on affronte les contraintes, on ne les évite pas. Il est possible de faire des communautés ethniques un facteur essentiel d’intégration plutôt que de les abandonner à ce qu’elles sont depuis quelques années des facteurs de domination, d’isolement, de fractionnement et d’inhibition dans notre capacité à construire le «vivre-ensemble» . La politique doit être le lieu où se recherche, par le débat, la parole, la discussion, le consensus, l’équilibre entre le local et le central, entre le régional et le national. C’est le lieu par excellence où se scellent le pacte de notre société/communauté , notre goût, notre connaissance et notre compréhension des autres, notre envie d’y vivre, d’y construire des projets, des idéaux, des familles et des ententes. Or, comme on le sait, il n’y a que ceux qui se parlent qui se comprennent, ceux qui se comprennent  qui se connaissent, ceux qui se connaissent qui se tolèrent, ceux qui se tolèrent qui s’apprécient, ceux qui s’apprécient qui vivent ensemble, et ceux qui vivent ensemble qui s’aiment véritablement. C’est cela une des définitions ou compréhensions du sigle « UPC » (Union des populations du Cameroun) à nous léguée par Um Nyobé.
La Nation (du latin natio, naissance) peut être définie comme  «une société/communauté historique identifiable soit par une ascendance biologique soit par un ancrage territorial et surtout par une tradition ou des traditions »  et dans la structuration de la société/communauté à travers l’élément le plus déterminant qui est l’imaginaire social . Ce qui permet aux différentes composantes de la nation et aux citoyens (nes) d’acquérir une conscience nationale. Hier, l’UPC a voulu atteindre ce dessein par la définition de ses objectifs stratégiques en 1948 ; plus tard, les aléas politiques résultant du fait des colonialistes,  l’ont amenée à entrer en clandestinité et à prendre les armes en juillet 1955. Aujourd’hui, les facteurs de cette prise de conscience nationale pourraient être entre autres, la valorisation et la présentation des cultures de notre patrimoine et des groupes humains dans une institution bâtie sur les valeurs positives de tous nos terroirs.
D’où la création, parmi d’autres initiatives, d’un véritable musée national parmi plusieurs initiatives, qui a un message à transmettre, en l’occurrence celui de « référer à un passé disparu ou en voie de l’être, d’instruire le public, de l’émouvoir, de le divertir […], pour raconter une histoire.»  Ce musée national doit avoir le pouvoir de contenir les valeurs nationales, valoriser et promouvoir les cultures camerounaises et africaines, symboliser et matérialiser le passé et les courants sociologiques du Cameroun contemporain. C’est aussi le pouvoir d’apaisement et de réconciliation, jamais encouragé par le pouvoir en place. 
(A suivre)

Publicité
Commentaires
Le site du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR - MUN)
  • Le Umnyobisme est une idéologie de libération pour le Cameroun et l'Afrique et qui tire ses fondements dans les résistances historiques des peuples africains contre l'impérialisme et le colonialisme.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité